82                ARTISTES PARISIENS DU XVIe ET DU XVIIe SIÈCLE.
A qui s'en rapporter'1'? L'acte de donation constate que le peintre du Roi n'avait pas eu d'enfant. Aussi Marguerite Bahuche, devenue veuve, s'empresse-t-elle de se remarier. Elle épousa en secondes noces Paul Galland,, receveur du taillon de la province de Touraine. Quant à ce titre de "noble homme" donné par le notaire à son client, il ne faut pas, semble-t-il, y attacher trop d'importance. Nous ' l'avons vu tout à l'heure attribué à Benjamin Foul­lon. C'est une qualification qu'on octroyait libérale­ment aux personnages de quelque réputation, sans tirer à conséquence.
Marguerite Bahuche était fille d'Antoine Bahuche et de Jeanne Girault, comme nous l'apprend la-donation de son frère Pierre à une fille qui se marie. Après la mort de Bunel, elle avait conservé le loge­ment de son mari aux Galeries du Louvre. Elle y est installée dès 1615 quand elle constitue à sa nièce, Marthe Jumeau, une dot de 4,5 o o livres dont le tiers avait été légué par Jacob Bunel. Marguerite Bahuche abandonne, quelques mois après, à son neveu Daniel Jumeau le jeune, les quinze cents livres légués par Jacob Bunel et dont sa veuve avait le droit de conserver la jouissance sa vie durant. Ainsi Marguerite Bahuche avait une sœur nommée Marthe, morte avant 1615, dont les deux . enfants, Marthe et Daniel, reçoivent à l'occasion de leur mariage les libéralités de leur tante. Le frère de Marguerite, Pierre Bahuche, avait conservé à Tours des immeubles cédés à sa fille lors de son union avec Pierre Boulle, un ancêtre du fameux ébéniste de Louis XIV.
127. — Donation mutuelle de Jacob Bunel, peintre et valet de chambre du Roi, et de
Marguerite Bahuche, safemme. — 18 oc­tobre 1599.
Par devant Nicolas Nourry et Jehan François, notaires du Roy nostre sire en son Chastellet de Paris soubzsignez, furent presens en leurs personnes noble homme Jacob Bunel, paintre et vallet de chambre du Roy, et dame Margueritte Bahuche, sa femme, de luy auctorisée pour faire et passer ce qui ensuict, demeurans es fauxbourgs Saint-Germain - des - Prez lez Paris, rue de Seyne, parroisse Saint-Sulpice, lesquelz mariez, estans en bonne prosperité et santé de leurs corps, memoire et entendement, comme il est apparu aux. notaires soubzsi­gnez par l'inspection de leurs personnes, considerant en eulx les grandes peines et travaulx qu'ilz ont eu ensemblement pour amasser et acumuler les biens qu'il a pleu à Dieu leur créateur leur prester en ce inonde mortel, les grandes amiliez qu'ilz se sont portez l'un à l'autre depuis le jour de leur mariage jusques à present et espèrent qu'ilz se porteront jusques au jour du pre­mier deceddant, et joinct qu'ilz n'ont' à present aulcuns enfans vivans, naiz ou à naistre de leur dict mariage; à ceste cause, desirant eulx recompenser l'un l'autre affin que le survivant d'eulx ayt meilleur moyen
'■• Les contradictions des auteurs qui se sont occupés de Bunel et de sa femme démontrent de quelles incertitudes l'his­toire de nos artistes est encore compliquée. Jal affirme péremptoirement que Bunel est né à Tours. Il avoue toutefois n'avoir pu vérifier si c'était en 1558 et n'avoir pas connu par conséquent son acte de naissance. Or la publication de cet acte de baptême par M. Dupré, bibliothécaire de Blois, établit, sans contestation possible, que Jacob Bunel naquit sur la paroisse Sainte-Elisabeth de Blois, le 6 octobre 1558. Charles Grandmaison a rappelé cette date dans ses'Documents inédits pour servir à l'histoire des Arts en Touraine, publiés en 1870 (p. 92). La date de la mort de notre artiste donne également lieu à de (-raves controverses. En 1856, Lacordaire publiait dans les Archives de l'Art français (t. Ill, p. 190) un acte du 8 octobre transférant à Marguerite Bahuche, veuve de Jacob Bunel, la jouissance du logement concédé à son mari dans la grande gale­rie du Louvre et où il décéda. Décé brevet, reproduit par L. de Laborde dans la Renaissance des Arts, par Grandmaison (ouvrage cité) sur les arts en Touraine et par la France protestante, il résulte que Bunel était mort avant le 8 octobre. Or Jal dit (p. 190) que Bunel testa le 3o octobre 161- et fut inhumé au cimetière du faubourg Saint-Germain le 15 du inème mois. On voit l'impossibilité d'accorder ces deux dates. En supposant mème que lo testament du peintre eût été du mois de septembre et non d'octobre (Jal a commis sans doute une méprise un peu forte), faut-il admettre qu'un homme décédé avant le 8 octobre ait été inhumé seulement le i5, sept jours après sa mort? Ou bien n'y aurait-il pas quelque erreur de copio dans les chiffres publiés? Ce qui parait définitivement acquis, c'est que Bunel était mort avant le 8 octobre i6i4, probablement très peu de jours avant cette date.
Sur Jacob Bunel il faut aussi consulter dans la Renaissance des Arts (t. II, g35) le chapitre intitulé : Jacob de Courcelles ■retenu près le peintre Bunel pour la conduite des peintures de la gallerie du Loure.                                                              .